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138                   LA REVUE LYONNAISE
transformée et l'auteur qui aura ainsi scientifiquement écrit n'aura
donc développé qu'une thèse sans conséquence quant à une res-
ponsabilité criminelle. Si d'ailleurs certains savants s'ingénient à
rechercher l'origine de la vie et à démontrer que l'homme n'a
qu'une origine purement animale modifiée par l'effet de la trans-
formation, la conséquence nécessaire sera encore que notre nature
humaine a conservé les instincts de la nature animale primitive,
et que la responsabilité de nos actes ne doit pas remonter à un
principe spiritualiste.
   Pour confirmer cette conclusion logique ne voyons-nous pas
dans le vaste champ de la science, entre tant d'autres systèmes
scientifiques, celui qui subordonne le crime chez l'homme comme
l'acte brutal chez l'animal à une malformation organique, une
folie, une maladie mentale quelconque? Il y a plus ; la responsa-
bilité dont je discute l'application à l'auteur d'un livre dangereux
au point de créer parmi ses lecteurs des criminels atteints par nos
lois, cette responsabilité que la science tend à faire disparaître, elle
devrait toujours aussi, de par la science, atteindre l'animal aussi
bien que l'homme, sinon ne pas plus atteindre l'un que l'autre.
Ceci n'est point une simple utopie.


                                  IX

   Un professeur de médecine légale à la faculté de Lyon a publié
dans la Revue scientifique, en 1882, un travail dans le but, je
ne dirai pas de démontrer, mais d'enseigner que les animaux
peuvent être, comme l'homme, responsables de leurs actes, parce
qu'ils sont capables de violer les lois morales, violation qui consti-
tue la criminalité chez les être raisonnables.
   L'auteur de cette découverte ou de cette thèse, ne fait que la
renouveler ; car elle a été soutenue plus ou moins sérieusement
par un grand nombre d'écrivains qu'on peut citer, Plutarque,
Celse, Montaigne, Voltaire lui-même, Maïer, Molzer et nombre
d'autres Allemands. Il en est parmi eux qui ont composé un livre
sur la religion des bêtes, un autre a spirituellement écrit sur
l'esprit des bêtes, et a conclu qu'elles en'ont souvent plus que