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            DE LA RESPONSABILITÉ LITTÉRAIRE                          135
l'anarchie des styles. La cathédrale gothique s'est émiettée tout
de suite comme ces ruines factices qu'un coup de pluie fait fondre
dans les jardins bourgeois ; et dès lors a régné la confusion des
fantaisies personnelles, tandis que lentement la formule natura-
liste se complétait et s'imposait. »
    Après avoir ainsi prédit l'avenir, préconisé l'élément littéraire
nouveau que la science va créer, parce qu'elle est l'outil du siècle,
parce qu'elle a ouvert la Révolution et qu'elle la fermera ; à ces
pronostics de l'avenir l'œuvre du présent frappe mile Zola ; c'est
la presse qui en est l'ouvrière ; il ne se fait d'ailleurs pas d'illusion
sur elle :
    « Toute révolution, dit-il encore, débute par des violences fâ-
cheuses. Il faut attendre que lenouvel état soit fondé. C'est comme
le tapage vide de la presse ; ce flot de basse littérature qui encombre
l'intelligence publique et qui désespère les véritables écrivains,
sans doute cela n'est guère propre, et il y a là un résultat qui
épouvante ; seulement, comme dans toute évolution humaine, on
doit faire la part des misères et des hontes. Puis la presse accom-
plit une besogne utile; elle est l'avant-garde de la démocratie;
elle répand la lecture et élargit notre public. Je sais que c'est de ce
public trop grand que se plaignent les anciens lettrés, les raffinés
de la jeune génération ; mais pourquoi tremblerions-nous devant
une clientèle faite de toute la nation ? »
   Pourquoi trembler, peut-on répondre à ce maître de l'école nou-
velle? Ce n'est pas à cause de la multitude qui serait éclairée par
des clartés nouvelles, véritable lumière, et qui serait trop nom-
breuse ; mais c'est parce que si toute la nation s'est fait une foi, en
écoutant la voix de la science comme une nouvelle révélation, on
hésitera à croire à la nation assez de courage pour se dépouiller
de ses anciens souvenirs, de ses impressions, et même de la possi-
bilité de la faire, afin de ne pas rester infectée dans ses mœurs,
dans son intelligence, dans son goût par « ce flot de basse littéra-
ture qui désespère les véritables écrivains, par cette presse qui n'est
guère propre et qui oblige à faire une part aux misères, aux
hontes, dont plus d'un front aura rougi et dont plus d'une âme
aura gardé la trace que la science même ne suffit pas à effacer. »
Si la démocratie littéraire est obligée, pour s'établir, de traverser