page suivante »
50 LA R E V U E L Y O N N A I S E
Nana, et, après Nana, Pot-Bouille. Nous nous expliquerons, du
reste, plus tard sur la mo alité des ouvrages de M. Zola ; qu'il
nous suffise, pour le moment, de signaler les causes qui, suivant
nous, l'ont empêché'de tenir tout ce qu'il promettait, et passons Ã
l'étude des doctrines et des procédés de l'écrivain.
I. M. ZOLA PHILOSOPHE
Le principe de M. Zola, sur l'homme~c'estle déterminisme des
•phénomènes moraux et comme conséquence l'irresponsabilité. Il
ajoute qu'on doit s'efforcer d'agir sur le déterminisme des phéno-
mènes et que c'est en admettant cette possibilité d'action que les
déterministes se distinguent des fatalistes. Nous avons déjà dé-
montré que ce déterminisme une fois admis, toute liberté disparaît,
et que si l'on arrive à le modifier on ne pourra y arriver que
fatalement et poussé soi-même par les causes multiples qui
rendent nécessaire chaque action humaine; nous ne reviendrons
donc pas là -dessus 1 .
Ce qu'il y a de singulier, c'est qu'avec cette théorie exclu-
sive de la liberté humaine, M. Zola semble parfois s'indigner,
et s'indigner de très bonne foi de la conduite de tels ou tels per-
sonnages.
Il n'y a rien de plus étrange, à ce point de vue, que la préface
qui est en tête du premier roman 2 , préface où l'auteur, après
avoir parlé des sentiments, des désirs, des passions, de toutes les
manifestations humaines naturelles et instinctives dont les pro-
duits prennent les noms convenus de vertus et de vices, qualifie,
trois lignes plus loin, le coup d'Etat de Décembre de guet-apens,
Sedan de trahison, et un peu plus bas l'Empire d'époque de folie et
de honte.
Cette haine contre l'Empire perce, du reste, tout le long de l'ou-
vrage; il est bon cependant de la constater dans cette préface où
l'auteur parle en son nom personnel.
1
Voir la Revue de février 1882.
2
La Fortune des Rougon.