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328                   MOLIÈRE A I.VOK

   Du reste, l'idée d'établir à Lyon, au moins pour un temps,
le centre de ses tournées, était tellement dans les projets de
Molière, que Ragueneau, sorte de régisseur ou d'homme
d'affaires de la Société, avait pris à bail, pour trois années,
un logement situé au quartier d'Ainay, près du noviciat des
Jésuites : « une chambre et galerie de la maison que le
sieur Meissimi tient à louage », avec un jardin appartenant
au sieur de Veau, « sise en cette ville, en Bellecour, rue
Sainte-Helayne. »
   L'ancien pâtissier ne devait point, hélas ! accomplir la
durée de son bail. Il décédait le 18 août 1654, et était
inhumé dans l'église Saint-Michel, sise entre la place de ce
nom et la Saône. Sa fille Marie avait épousé Lagrange, un des
premiers sujets de la troupe.
   Molière fait une nouvelle tournée en Languedoc et revient
achever la saison à Lyon, où il donne, au profit des pauvres,
le 25 janvier 1655 « jour et feste de la conversion de Saint-
Paul », une représentation qui produit 297 livres 6 sous
6 deniers. Le 9 avril, il assiste au mariage de deux de ses
artistes : Foullé Martin et Anne Reynis. Ont signé à l'acte,
dans l'ordre suivant : Dufresne, J.-B. Poquelin, Joseph
Béjard, René Berthclot.
   C'est alors que d'Assoucy, poète et musicien ambulant,
arrive dans notre ville et y fait séjour, en la compagnie de
Molière et des Béjart. Le récit qu'il a laissé de ses aventures
nous fournit quelques détails, les seuls que nous possédions,
sur la vie de nos comédiens :
   « Je demeurai trois mois, dit-il, parmi les jeux, la comé-
die et les festins, quoique j'eusse bien mieux fait de ne m'y
pas arrêter un jour, car au milieu de tant de caresses, je ne
laissai pas d'y essuyer de mauvaises rencontres. »
  De ces rencontres, d'Assoucy, joueur et viveur, devait