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CHRONIQUE DE SEPTEMBRE I9OO 309 moderne, plus fin, plus délicat. Dupont est plus mâle, plus vécu; Vicaire est plus sensuel. Gabriel Vicaire vit, comme Dupont, ses premières années s'écouler aux bords de cette Saône qui .. .au lointain se devine Bleue à travers les peupliers. De Trévoux à Ambérieux, le sol de Bresse, les étangs de la Dombes n'eurent pour lui aucun secret. Chaque village lui était familier; chaque buisson avait pour lui sa chanson, chaque cloche au clocher chantait pour lui une légende. Combien je vous aime, ô voix argentines, Cloches du pays, sœurs de mes vingt ans! Les veillées aux chaumières lui révélaient un vieux noèl et Vicaire sertissait autour ses Emaux Bressans. Ce fut son chef-d'œuvre. Paris l'avait enlevé aux paysans, comme Pierre Dupont. C'est laque Vicaire publia en 1885, ce délicieux pastiche de la littérature symboliste des déca- dents : Les Déliquescences d'Adoré Flouppette, et l'envoi en prose à son ami Marius Tapora, pharmacien. Cette œuvre fit en son temps un bruit énorme ; prise d'abord comme une œuvre sincère par quelques chroni- queurs naïfs, ces rimes sonores et vides, sous une harmonie merveilleuse de mots de sens imprécis, montrèrent vite la critique mordante de l'auteur. Mon cœur est un corylopsis du Japon; s'écriait sans conviction Vicaire-Floupette ; et sa dédicace y avait une saveur particulière. « Les mots ne peignent pas, vois-tu, écrivait-il à son ami le pharmacien Tapora; ils sont la peinture même. Autant de mots, autant de couleurs; il y en a de jaunes, de