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           LES LYONNAIS AU COLLEGE DE JUILLY                   275

par l'Académie des sciences. On en écrivit à la famille. Il
fut convenu qu'on donnerait à l'élève des leçons supplé-
mentaires de physique, et qu'on le laisserait monter sa
machine, pendant les récréations, toutes les fois que les
leçons auraient été récitées, et les devoirs rédigés d'une
façon satisfaisante. Le P. Mazières le conduisait lui-même
à la forge, le guidant de ses conseils. « En peu de jours,
« le navire fut achevé, et put, en présence de l'Académie
« tout entière, traverser l'étang en quelques minutes.»
   Mais un tel régime d'exception ne pouvait pas durer.
Jacques de Vaucanson quittait Juilly, le 24 août 1721,
sans nouvel incident connu, laissant, en reconnaissance, son
petit navire au P. Mazières, et retournait à Grenoble ache-
ver ses études chez les Pères Jésuites. Peut-être est-ce à
Juilly qu'il imagina son horloge de bois, son Auteur
automate, son berger et son canard ? Le berger jouait
du tambourin, du galoubet, et chantait vingt airs ; le
canard barbotait, battait des ailes, avalait du grain, et le
digérait. Vaucanson cherchait un autre automate dans lequel
s'opérât la circulation du sang. De si rares talents ne furent
pas perdus en découvertes stériles. Envoyé à Lyon (1744)
par le contrôleur général, Vaucanson inventa les moulins
à soie, le-métier perfectionné, dont Jacquard s'est attribué
faussement la paternité, et même un métier qu'un âne
faisait marcher seul. Malheureusement, ces découvertes
arrivaient au cours d'une des plus graves crises traversées
par la fabrique lyonnaise. Les ouvriers ameutés criaient
qu'on voulait les réduire à la famine, et ces machines,
qui devaient être profitables à tous, ne furent utilisées par
personne. Elles restèrent ignorées jusqu'en 1804 (1). En


  (1) M. STEYERT : Nouvelle Histoire de Lyon, III, p. 376.— CONDOR-