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                  LA VERRERIE DE ROANNE                     247

   Les ouvriers partis, il était difficile de les remplacer, car
des arrêts du Conseil d'Etat avaient interdit à tous gentils-
hommes verriers, tiseurs, ouvriers, serviteurs, domestiques
et autres employés des manufactures de quitter le service
des maîtres de verrerie sans un congé par écrit qu'ils
seraient tenus de demander deux ans avant leur sortie, et à
tout maître de verrerie de recevoir lesdits gentilshommes
et autres sans justifier de la présentation de ce congé, à peine
de 3,000 livres d'amende. Mais pour que cette réglementa-
tion pût avoir son effet, il fallait obtenir un nouvel arrêt
s'appliquant nominalement à la manufacture; on l'obtint,
et il fut affiché aux portes de la verrerie et dans la ville.
Toutes ces formalités administratives épuisées, de 1745 à
1747, à en croire l'absence de rapports dans les papiers de
l'Intendance, la verrerie dut prospérer.
   Des difficultés d'un autre ordre allaient bientôt compro-
mettre encore l'entreprise, Bigot de Clerbois, lanceur d'af-
faires paraît-il, pour favoriser quelque manufacture rivale,
avait trouvé le moyen de fabriquer les pots de fonte en
mêlant à la pâte des matières étrangères pour les faire casser
dès leur mise au feu ; son fils, maître souffleur qu'on repré-
sente comme assez mauvais sujet, et ayant tait de la prison,
quittait la verrerie « avec une gueuse » qu'il y avait amenée;
et Madame de Clerbois, qui n'avait pas « les charmes de
« son sexe, mais en récompense en avait toute la malice »,
rendait la vie impossible aux quatre associés de son mari
qui voyaient disparaître jusqu'à leur linge de table. On appre-
nait entre temps que Bigot était un ancien forçat, qu'on
avait vu à la chaîne « il y a quelques années » dans la
rue Ducale, aussi toutes les portes de Roanne se fermaient
devant les entrepreneurs. Pour se débarrasser de Bigot, ils
durent intenter des actions par devant le juge de Perreux,