page suivante »
LA VERRERIE DE ROANNE 245 logique, ils eurent obtenu de l'Intendant de la généralité de Lyon, le droit de s'approvisionner au port de Saint-Rambert, de nouveaux cris vinrent se joindre à ceux des subdélégués. La manufacture de Sèvres protestait en effet, car, elle aussi tirait son charbon de Saint-Rambert dont le port, disait- elle, était déjà trop petit pour le service de ses équipes, allé- guant encore que par ce seul fait le prix de construction des bateaux allait augmenter, tout comme le salaire des mari- niers et qu'enfin l'établissement même de cette verrerie lui créait une concurrence dangereuse et non justifiée pour l'écoulement de ses produits. On voulait bien permettre aux Roannais de travailler, à condition de prendre l'engagement de n'acheter des cendres que depuis Roanne, au-delà de la Loire, dans le Bourbon- nais, l'Auvergne, le Charollais, du côté de Saint-Haon, La Pacaudière, Marcigny, La Palisse et autres lieux, et qu'il leur fût en outre formellement défendu d'en acheter, soit en Forez, soit en Beaujolais, et qu'enfin leurs produits ne fussent mis en vente à plus de vingt lieues de Paris, à peine de con- fiscation. Entre temps, quelques milliers de bouteilles avaient été fabriquées et vendues, on songeait même à l'établissement d'un four à vitres, quand, faute de charbon, les travaux furent suspendus. Le sieur de Gérando et son associé le baron de Vaux qui avaient le privilège, c'est-à -dire le monopole des entrepôts du port de Saint-Rambert et de partie des mines de Roche, de Saint-Etienne et de Rive-de-Gier, soit pour spéculer sur le prix du combustible, soit à l'instigation de la manufacture de Sèvres, avaient négligé de faire parve- nir au nouvel établissement la provision de charbon qui lui était nécessaire, et les fours s'éteignaient, laissant les gentils- hommes ouvriers avec le traitement dérisoire de 6 livres par semaine, qui, de par règlement, leur était assigné entre deux réveillées.