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238 CHRONIQUE D'AOUT I9OO et un érudit. En attendant nous présentons à Mme Rondot et à sa famille, au nom de la direction de la Revue du Lyonnais, nos plus respectueuses et sincères condoléances. Enfin, voici Antoine Vollon, le grand peintre des natures mortes, membre de l'Institut, qui meurt à Paris, le 27 août. Le jury international lui avait décerné, quatre jours avant sa mort, pour les huit morceaux qui le représentent à l'Exposition décennale, un grand prix. Vollon, qui s'était fait lui-même, était né à Lyon, en 1833, d'une famille d'ouvriers, et avait débuté par la gravure industrielle sur métaux. Ses parents habitaient un petit appartement de trois pièces, rue de la Charité, et c'est dans ce petit réduit, au quatrième étage d'une grande maison occupée en partie par des ateliers, des entrepôts et des ménages d'ouvriers, à l'angle de la rue François-Dauphin, que Antoine Vollon, tenaillé par le démon de la peinture, s'essayait à rendre au crayon, au fusain, les toiles des vieux maîtres qu'il avait étudiés au musée, dans ses courts moments de loisir. Cette fureur du dessin et le don qui se devinait à travers ces ébauches, lui valurent l'affectueuse sympathie d'un vieux peintre qui lui donna les premières notions de son art. A trente ans, Vollon avait sa réputation faite dans le milieu des artistes lyonnais. Un tableau d'assez grande dimension, Après le bal, envoyé au Salon de Lyon, avait attiré sur lui l'attention. En 1863, il partait tenter la fortune à Paris; cette capri- cieuse ne devait avoir pour lui que des sourires, après, toutefois, une première tentative malheureuse qui le fit refuser par le Jury. Bientôt ses œuvres recevaient un accueil enthousiaste, Intérieur de Cuisine, Art et Gourmandise, composition dans le goût des peintures décoratives de Chardin. Le même succès le poursuivit dans les Salons