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236 CHRONIQUE D'AOUT I9OO d'Hauteville, fondé par nos philanthropes lyonnais, pour soigner les malheureux atteints de tuberculose pulmonaire, et qui ouvrait ses portes le 23 août. Le 20 août, M. Francisque Renard s'éteignait au château deVancia, près Sathonay, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. C'est une figure lyonnaise des plus intéressantes et des plus aimables qui disparaît. D'une haute intelligence, d'une affabilité proverbiale, M. Renard, qu'un heureux coup de la fortune avait considérablement enrichi, s'était fait à Lyon le protecteur des arts et des artistes. Une découverte sortie de son laboratoire révolutionna le monde commercial ; ses collaborateurs, après de longues recherches, venaient de trouver la fuschine. Dans l'univers entier, le nom de M. Renard fut bientôt connu, apportant au créateur de ce produit nouveau, en même temps qu'une grande fortune, la gloire d'avoir rendu un service immense à l'industrie de la teinture, — on ne songeait pas encore à la teinture des vins. — Entre temps, M. Renard, mélomane et artiste de goût, se donnait tout entier à la musique, cul- tivant une voix de baryton très généreuse et arrivant à acquérir par la suite, grâce aux conseils des maîtres, une science musicale remarquable. Tous les grands artistes ont connu M. Renard et nul ne dédaignait ses conseils. Masse- net, Gounod, Delibes, Reyer. De sa loge d'avant-scène, où chaque soir il venait s'asseoir en familiei, il écoutait, un peu penché sur sa chaise, la main à hauteur du visage, entre ses doigts un binocle pour suivre le jeu du chanteur; il étudiait consciencieusement chaque artiste et l'encourageait volontiers de la main. Aussi le monde du théâtre professait-il un véritable culte pour cet ami fidèle, ce protecteur éclairé et généreux. La mort, le 27 août, ne craint pas de faucher encore