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i36 PROPOS UK BIBLIOPHILES défendront pas cependant au bibliophile d'y puiser, lui aussi, ses conclusions et ses enseignements. C'est dans la seconde moitié du xvni e siècle, ainsi que le rappelle la très intéressante étude historique par laquelle s'ouvre le livre, que furent tentés les premiers essais sur des éléments autres que les végétaux à longues et résis- tantes fibres. Avant cette époque, — et bien longtemps encore après, — les livres ne s'imprimaient pas sur autre chose que sur du papier fait de pâte de chiffon, matière homogène et presque incorruptible. A l'heure actuelle, un grand nombre sont tirés sur du papier fait de pâte de bois, ou abondamment mélangé de cette pâte. Nos forêts nationales n'y suffisant pas, ce sont les sapins étrangers, et notamment ceux de Norvège, réduits en miettes impondérables et agglomérées, qui colportent aujourd'hui à travers le monde les idées françaises. Les jour- naux, les périodiques, bénéficient amplement de cette mer- veilleuse appropriation des grands végétaux ; à des feuilles éphémères peut suffire un papier peu durable. Mais pour les volumes de nos bibliothèques, n'y a-t-il pas quelque sacrilège à les voir ainsi profaner ? Les livres meurent assez vite Et leur mort ne dépend pas seulement du plus ou moins de talent de l'auteur, de la curiosité, de l'occasion, de la mode La dent des rats n'y est pas pour peu, et d'autres causes de destruction, d'un ordre scientifique celles-là , paraissent imminentes. On n'en peut guère douter en examinant de près les planches photographiques, si curieuses, qui donnent à l'ouvrage une particulière valeur. Elles montrent avec la netteté de l'évidence ce qu'est la pâte de bois mécanique, c'est-à -dire obtenue par le bois simplement concassé et broyé : un amas de matériaux anguleux, une sorte de mortier sans