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RAPPORT A LA S O C I É T É PITTÉR^AIP^E Sur la candidature de M. DELASTRE, auteur de : Souvenirs Toéiiques de la Dombes, du Bugey et du vieux Lyon, Lyon 1876, in-12, non mis en vente. La poésie n'est point l'art d'ajuster des rimes et d'a- ligner des mots, pas plus que la musique n'est l'art de frapper sur les touches d'un piano. Ceci est le métier dent beaucoup se contentent. Mais par contre, si la mu- sique est l'art d'émouvoir au moyen des sons, à combien plus forte raison la poésie est-elle par excellence l'art de toucher l'âme, d'élever l'esprit, de frapper l'imagination au moyen de grandes, de nobles pensées exprimées dans un style à part et surtout d'émouvoir le cœur en lui communiquant les profonds sentiments qu'on éprouve, d'éveiller ce que l'homme a de plus intime et de meilleur, en lui insufflant le feu dont on est embrasé soi-même. Sans émotion, sans image, pas de poésie et ce n'est pas en vain qu'un poète a dit : Pour tout peindre il'faut tout sentir. La poésie peut exister en dehors de la parole. Rêver en présence de l'Océan, contempler l'étendue du haut d'une montagne, pénétrer, à pas recueillis, dans un temple, plonger dans l'infini du ciel étoile, du temps, et des espa- ces, c'est la plus pure et la plus élevée. Revoir la patrie après une absence, contempler les traits d'un visage adoré, soulager une infortune et sécher des larmes, c'est encore de la poésie et plus intime peut-être ; alors le cœur s'oppresse, la poitrine semble se serrer, impuis- sante à contenir des sensations nouvelles ; l'esprit s'exal»