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                              POESIE
Ah ! les pleurs des héros ne tombent pas en vain !
Dans la foule toujours ils laissent un levain
D'honneur, de liberté qui lentement fermente ;
Us doublèrent en moi la force de l'amante.
A l'immense bonheur de bientôt le revoir,
Je préférais encor qu'il remplît son devoir.
Et pourtant mon amour avait grandi, peut-être.


Une nuit, je rêvais, assise à ma fenêtre,
Cherchant de mon regard à percer l'horizon,
On avait tout le jour entendu le canon.
Il passa brusquement au dessus de ma tête
Un sifflement aigu, je bondis inquiète ;
Une pierre roulait apportant un feuillet,
Vivement je^le pris et je lus ce billet:

« — Ma Germaine, sans toi je ne pouvais pas vivre,
« J'ai déserté, viens vite, on pourrait me poursuivre,
t Ensemble nous partons ; je t'attends près du bois,
« Quel bonheur de ne plus nous quitter, cette fois ! »

Venait-il bien de lui ce malheureux message ?
En vain ma main crispée en retournait la page,
Je ne pouvais douter, et dans moi je surpris
Se mêlant à l'amour, la pitié, le mépris.
Amoindrir l'homme aimé, c'est être fort à plaindre,
Cette angoisse sans nom un instant vint m'étreindre :
Il serait lâche, lui! Non, fou de passion,
J'étais l'unique but de sa désertion.
Et j'aurais du mépris, quand sa tendresse immense
Lui faisait accomplir cet acte de démence !
Le sentiment qui seul avait pu l'entraîner
Saurait à son devoir aussi le ramener.
Je courus vers le bois, écoutant ma pensée,
On aurait entendu mon haleine oppressée.
Il m'aperçut venir et redoubla le pas
Insensé de bonheur, il me prit dans ses bras.
Ah ! ms trouvant alors à son cou suspendue.