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BOSSUET ET LYON 4)1 l'ajourner. Le véritable prétendant, en effet, à la partie spiri- tuelle du magnifique héritage de Mgr deNeufville, si ce mot conforme aux usages de ce temps-là ne résonne pas trop scan- daleusement dans le nôtre, était son petit-neveu, François- Paul de Villeroy ; mais il n'avait guère dépassé sa seizième année ; il était encore sur les bancs du collège. Force fut de patienter, la survivance des charges ecclésiastiques n'étant ' pas en usage, aussi bien que celle des gouverneurs de province ou des colonels de régiment. Pourquoi le pétitionnement n'était-il pas encore venu à la mode, comme sous les régimes démocratiques? On eût recueilli par milliers les signatures des habitants, trop heu- reux de voir conserver, dans l'illustre famille, dont ils s'hono- raient d'être les clients dévoués, la houlette de leur premier pasteur ; car les Villeroy n'étaient pas plus choyés à Ver- sailles qu'ils étaient populaires dans la cité de la banque et de la soierie. Leur puissance n'y avait pas de bornes; ils dis- posaient des charges, ils distribuaient les titres ; ils puisaient dans les caisses à leur gré. Intendant, conseillers du prési- dial, prévôt des marchands dépendaient de leur volonté et obéissaient avec l'empressement de sujets pour leur prince. « Tout est créature des gouverneurs, disait Saint-Simon bien informé, et rien ne se peut que par eux qui influent jusques dans les affaires particulières de toutes les familles. » Cette omnipotence était connue à la Cour et Louis XIV, désireux d'être agréable à son favori, en plaisant aux Lyon- nais, lui octroya 300,000 livres à prendre sur les recettes communales. Le bienfait coûta peu au monarque ; il sembla moins onéreux encore à ceux qui en acquittèrent les frais. Tant de traits n'attestent-ils pas que Louis XIV eût pris un extrême plaisir à signer, de la même encre, le brevet de maré- chal pour le père (23 mars 1693) et la promotion du fils au premier archevêché de son royaume?