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396 CHRONIQUE D'AVRIL I9OO l'impression de la nature et de la vie par une brève indi- cation de coloris, de valeurs et d'effets. Des arts aux lettres, il n'y a qu'un pas facile à franchir. Le 30 avril, la Société d'Economie politique de Lyon conviait ses adhérents à son grand banquet annuel dans les salons du restaurant Casati. Pauvre restaurant Casati ! C'était son chant du cygne. C'était le dernier dîner donné dans ces salons, qui se sont ouverts à tant de fêtes, qui étaient, sous l'Empire, le rendez- vous de la haute banque et du grand monde de !a soierie lyonnaise. On se donnait rendez-vous chez Casati, le matin, dans la salle de la rue Bât-d'Argent, pour la tasse de chocolat ou de café-crème. Tout le Lyon des lettres, des finances, du commerce, des arts a défilé dans ces salons. Un jour, au retour de l'Exposition de 1867, on vit dé- jeuner, en petit comité, le prince de Bismarck et le prince de Galles, dans une des salles de l'entresol. Combien d'au- tres grands personnages s'y sont succédé ! C'est dans ces salons que fut élaboré en 1889, en présence du maire de Lyon, le projet de l'exposition de Lyon de 1894, cette exposition qui devait tuer Casati. Le 24 juin 1894, Carnot mourait. On « chambardait » le restaurant de la rue Bât-d'Argent et le pavillon Casati, de l'exposition, démoli pièce par pièce, était précipité dans le lac du Parc. Aujourd'hui Casati est fermé : il va céder la place, pour un temps, au Cercle des officiers de la réserve et de l'armée territoriale, en attendant que la Société Lyonnaise y installe définitivement ses bureaux. La Société d'Economie politique recevait M. Beauregard, député de la Seine, professeur d'économie politique à la Faculté de Paris. Jadis, dans les mêmes salons, on avait entendu MM. Raoul Du val, Leroy-Beaulieu, Léon Say,