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                  CHRONIQUE D'AVRIL I9OO                  393
quelque renommée, quelque dévouement, quelque valeur.
   Le 2 avril, meurt M. Jean Chareyre, ancien juge de paix
à Montbrison, secrétaire de l'Union conservatrice du Rhône.
L'activité de M. Chareyre, pendant ces périodes de luttes
électorales, était vraiment surprenante ; c'était un homme
d'une vive intelligence et d'un grand dévouement à ses con-
victions politiques. Le 5 avril, une mort plonge la France en
deuil, on apprend la mort au Transvaal du colonel de Ville-
bois-Mareuil. Deux jours après,un Lyonnais donnait, à l'état
civil du 3 e arrondissement, ce prénom à son fils nouveau-né,
comme, en 1793, il était de mode de donner aux enfants
des révolutionnaires le prénom de Chalier ou d'autres de
cet acabit.
   Le 10, s'éteint obscurément un pauvre cocher de fiacre ;
et l'on est tout surpris d'apprendre par son état civil qu'il
était un descendant de Bayard et se nommait Léon Couvât
du Terrail. Il était originaire de l'Isère comme le chevalier
sans peur et sans reproche. N'avions-nous pas, il y a quel-
ques années, comme facteur des postes, un descendant des
Montmorency ?
   Le 12, mourait à Paris M. Léon Gresse, l'excellente basse-
noble de l'Opéra, notre compatriote. Il avait exercé à Lyon
la profession de peintre-plâtrier et sa belle voix faisait les
délices de l'Harmonie Gauloise. Il fut engagé ensuite au
Casino et chaque soir le public l'applaudissait à outrance
dans une chanson qui eut son heure de vogue : « Tanko le
fondeur ».
   Après avoir complété ses études musicales, il fit ses pre-
miers débuts à la Monnaie de Bruxelles, puis vint à l'Opéra
remplacer Boudouresque et y remporta de grands succès,
notamment dans Marcel des Huguenots et dans Hagen de
Sigurd qu'il avait créé.