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                        JOANNY DOMER                        325

   Entre temps, il suivit les cours de l'Ecole des Beaux-
Arts, que dirigeait le peintre Bonnefond.
   Mais, déjà, l'originalité de Domer, la souplesse de son
imagination, son ardeur au travail, étonnaient ses maîtres.
Il s'éprit surtout de la décoration, 'cet art, de tous, le plus
difficile en même temps qu'il est le plus noble et le plus
élevé, le seul d'ailleurs que le peuple comprenne vraiment,
parce que c'est le genre clair par excellence, qui ne vit que
de grandeur et de simplicité. La décoration exige, comme
on l'a dit « des compositions nettes, des mouvement précis,
un dessin large et fermement arrêté. » Il faut que ce qu'elle
raconte soit lisible pour tous ; mais elle demande une puis-
sance de travail, une force de pensée et d'imagination con-
sidérable, en même temps qu'une érudition profonde.
    Ces difficultés, insurmontables pour d'autres, n'étaient
 pas faites pour effaroucher l'apprenti peintre d'enseignes, le
fils du tambour de la Grande armée. Domer suivait son
 étoile en laquelle il avait foi.
    Bientôt Joanny (on l'appelait ainsi dans l'intimité de la
famille, de l'atelier et de l'école, et l'artiste conserva ce
gentil prénom qu'il devait illustrer dans la suite) s'envola
 pour Paris, où il devait se perfectionner, grâce aux leçons
des peintres de cette grande période, et acquérir ce talent si
sûr, si personnel qui en a fait un des maîtres de la Décoration.
    Il travailla longtemps, sans rien livrer à la critique.
L'année terrible le surprenait à Rome où il apprenait à
analyser les chefs-d'Å“uvre de la grande peinture des primi-
tifs et de la Renaissance. Quelle opiniâtreté au travail ne
fallut-il pas à l'enfant du canut de la Grand'Côte pour
s'assimiler cet art qui demandait des connaissances si appro-
fondies et si générales ! Rien n'échappa à Domer ; et les
cartons qu'il rapporta de ses voyages en Italie montrent