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                 CHRONIQUE DK MARS I9OO                   3T9

leresque et française, et le bruit de bataille qu'elle mêle au
doux passe-temps des cours d'amour et des jeux floraux
garde le charme lointain d'une époque où les muses faisaient
encore des intermèdes à la guerre.
   Quant au fond du sujet, n'en chicanons pas trop l'auteur,
M. Edouard Noël. C'était la destinée de Louise Labé de
rester dans la légende et ses contemporains nous ont laissé
d'elle des souvenirs si peu précis que si d'aucuns la repré-
sentent comme une noble et gracieuse figure, d'autres écri-
vent sur son compte des vers et des satyres qu'il nous fau-
drait traduire en latin.
   En 1790, un bataillon de la Garde nationale de Lyon,
celui de la rue Bellecordière, décora son étendard du por-
trait de Louise Labé. Rien de bizarre comme cette peinture
associant la belle Lyonnaise à Guillaume Tell, dans un
anachronisme étrange et amusant !
   La Belle Cordière, l'épouse du cordier Ennemond Perrin,
suivit-elle, comme le veut M. Edouard Noël, le Dauphin
au siège de Perpignan ? Peu nous chaut !
   Ce qu'il y a de très curieux dans cette légende, c'est que
dès 1550, la rue Belle-Cordière était ainsi dénommée et
que ce ne fut que cinq ou six ans plus tard que Jean de
Tournes édita les poésies de la belle Lyonnaise. Elle était
entrée vivante dans l'immortalité, bien avant d'être connue
du public et la renommée était allée la cueillir de bonne
heure dans cette maison du Cordier, à l'angle aujourd'hui
de la rue de la République et de la rue Confort, où était
la fabrique de câbles d'Ennemond Perrin.
   Ajoutons, en terminant, que ni l'intérêt local du sujet,
ni la jolie musique intercalée par notre compatriote Widor,
n'ont pu parvenir à obtenir pour la pièce autre chose qu'un
beau « succès d'estime ».