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AVEC M. DI-: SAIXT-GERÀN 31 Faire le siège de Châteaumorand, c'était une entreprise téméraire, et M. de Saint-Geran, pressé d'ailleurs, n'alla pas jusque-là . Il jugea suffisant de garder les avenues du château et d'arrêter ceux qui se hasardaient à sortir. Toute la bande se répandit par petites escouades dans les paroisses de Saint-Martin-d'Estreaux, de Sail, de Saint- Pierre-Laval et de Châtelus, où pendant quatre jours elle vécut de maraudes. On remarquera que ces paroisses étaient précisément celles qui appartenaient à Madame de Châteaumorand; les compagnons ne s'aventurèrent que rarement au-delà . Cette levée d'armes était donc bien une vindicte des la Guiche contre Honoré d'Urfé et Diane. Ils ne s'en cachaient guère. Quelques-uns des hommes à leur dévotion s'étant amusés à répandre par terre du blé fraîchement battu, rirent aux remontrances d'un malheureux paysan cette belle réponse : « Par la sang-dieu ! nous avons l'ordre de ruiner ies maisons de Chasteaumorand, et de n'y laisser que les quatre murs. » Malgré ces terribles menaces, les intentions des agresseurs n'étaient pas si féroces. On s'étonnerait-plutôt de la retenue relative d'hommes de guerre presque sans discipline ; le duc d'Orléans, traversant le même pays en 1632, pour aller rejoindre en Languedoc l'armée de Montmorency, s'y com- portera avec une toute autre barbarie. M. de Saint-Geixn voulait effrayer Diane, molester ses tenanciers, gâter un peu ses terres, lui faire sentir qu'on ne s'en prenait pas impunément à un homme de son importance; mais il ne prétendait pas et sans doute n'aurait pas osé aller jusqu'au bout de sa vengeance. En somme, les exploits de sa compa- gnie sont ceux qu'on pouvait attendre alors de gens de guerre en campagne.- Ce sont toujours les mêmes faits que les enquêtes nous