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24 UN CONFLIT D'HONORÉ D'uuri- même, née huguenote(i), mais convertie et devenue bonne catholique, avait soutenu la Sainte Union en achetant de ses deniers des armes pour le parti. Mais les événements de la Ligue dataient de vingt ans, et d'Urfé était si bien récon- cilié avec les Bourbons qu'il passait une partie de sa vie à la Cour. Ces vieilles rancunes politiques étaient donc pour peu de chose dans l'affaire. En réalité, les causes du conflit sont plus positives. Quand Honoré et Diane étaient dans leurs terres du Forez, ils habitaient Chateaumorand, antique châ- teau féodal remanié ou reconstruit au xvi e siècle, et dont l'art de la Renaissance avait fait une résidence très élégante. En face, sur de maigres collines, le château de Lalière, d'un aspect austère et triste. La seigneurie de Lalière, après avoir appartenu pendant trois siècles à la maison de Vitri, était arrivée aux mains de Jacqueline de Chaugy, mariée à Fran- çois d'Isserpens. Suzanne, leur fille et unique héritière, avait épousé Claude de la Guiche ; de ce mariage étaient nés Jean-François de la Guiche, comte de Saint-Geran, et Godefroy, seigneur de Chitain, auxquels devaient revenir les droits de leur mère et de leur grand'mère sur la seigneurie de Lalière, et aussi sur une belle chapelle bâtie vers l'an 1500 par Brémond de Vitri dans l'église paroissiale de Saint-Mar- tin-d'Estreaux. Il est probable que Saint-Geran et Chitain exerçaient en fait ces droits avant le décès de Jacqueline de Chaugy, à cause de son grand âge; car en 1608, cinq ans avant sa mort, des difficultés s'étaient déjà élevées entre les (1) Elle l'était encore quand fut passé son contrat de mariage avec Anne d'Urfé, son premier mari, le 22 octobre 1571. Son père, Antoine de Chateaumorand, mourut dans l'hérésie en 1573 ; nous croyons que Diane se convertit peu après.