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                         SOUS LE PREMIER EMPIRE                      237

y dormir son dernier sommeil ; — l'audacieuse fugitive de
Coppet, traversant l'Europe d'un trait, devançant Napoléon
à Moscou, respirait enfin librement en mettant le pied sur
la terre de Suède; — et Mme Récamier, toujours aimable,
toujours aimée, continuait à s'attacher les coeurs et à vivre
de cette douce intimité dont ses amis, comme elle, ne
pouvaient se passer : Les absents n'étaient pas oubliés,
ils conservaient leur place dans son cœur; ses lettres
venaient toujours de temps en temps apporter à Lyon
un reflet de son âme fidèle et quand ses yeux voilés par
la maladie ne pourront plus guider sa main tremblante,
plutôt que de renoncer à sa chère correspondance, elle
aimera mieux dicter ses lettres.
    En voici une écrite deux ans avant sa mort, sous le coup
de la perte du bon Ballanche. Elle est comme le dernier
écho des heures d'exil (12) :

                                               Ce 26 juillet 1847.


   « J'ai reçu avec une véritable émotion, Monsieur, la
lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. Je ne
puis oublier que l'ami incomparable que nous perdons
tenait par les liens du plus filial attachement à Lyon, sa ville
natale, que c'est là que s'est formée entre M. Ballanche et
moi une amitié qui a honoré et charmé tant d'années de
ma vie; — et les souvenirs de la société de Mmc de Ser-
mézy, que vous voulez bien me rappeler, me sont restés
aussi chers que présents. J'ai trouvé en elle au moment de
mon exil la plus bienveillante sympathie et autour d'elle
plusieurs hommes supérieurs qui, tous, étaient les amis et


  (12) Souvenirs manuscrits de Fleury Richard, p. 225.
   Nw4   — Avril 1895,                                         l8