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VISION Dans les vapeurs du soir, à celle heure indécise Où le ciel prêle au jour sa dernière clarté, Où Tombre a des langueurs, dont notre âme se grise, L'horizon se remplit d'un décor tourmenté. Des tableaux découpés dans l'air, qu'un souffle brise, Des prismes décevants, un fantôme sculpté Dans l'orbe d'un nuage, où notre cœur s'enlise Au fond d'un souvenir qu'il a ressuscité. L'illusion nous mène au Pays où l'on aime ; De ses amours perdus on refait le poème Dans les entraînements dont l'esprit est hanté. On y dresse un autel pour une chère image ; Mais le rêve, trop tôt, se perd clans le mirage, Et l'on tombe du ciel dans la réalité. AMOUR FATAL Il est fort, il est grand et taillé dans le hêtre ; Le regard d'un Titan et le cœur haut porté ; C'est l'homme ; l'univers le reconnaît pour maître, El des Dieux, sur la terre, il a l'autorité. Il tombe. — Quel éclair a foudroyé son être ? De misère ou de sang quels flots l'ont emporté ? On voit fuir son esprit, sa force disparaître ; Dans quel abîme a-t-il été précipité ?