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230 UNE PAGE DE LA VIE LYONNAISE rement continuent à lui envoyer l'expression de leur fidé- lité : les uns vont la voir, comme Mathieu ; les autres lui écrivent pour la distraire dans sa solitude, comme Camille. Cependant la tristesse et l'ennui la dévorent du désir de changer de résidence ; après bien des mois passés à Châlons, elle prend la résolution de venir à Lyon qui la rapproche de Coppet. D'ailleurs, ne doit-elle pas y trouver de vrais amis et un appui naturel dans la famille de M. Récamier ? Vers la fin du printemps de l'année 1812 elle se met en route. A son arrivée à Lyon, elle descend à l'Hôtel de l'Europe et fait aussitôt prévenir Camille Jordan avant tout autre ; elle lui doit bien cette faveur. A ses côtés se trouvait toujours l'enfant qu'elle avait adoptée et qui faisait l'objet de ses plus constantes et plus vives préoccupations. — C'est un spectacle vraiment tou- chant que de voir cette élégante mondaine poursuivant sa tâche maternelle au milieu des voyages, des réunions, des conversations : — Le petit lit d'Amélie ne quittait pas la chambre de sa tante et l'éducation de la fillette se continuait sans interruption, soit en voiture de poste, soit dans les villes qui tour à tour abritaient la belle exilée ; — A l'Hôtel de l'Europe, dans la chambre à coucher, une table de travail était placée dans l'embrasure de la fenêtre ; c'est là sous le regard attentif de ces deux beaux yeux que se prenaient toutes les leçons d'Amélie ; — Dans le salon plein de monde, au milieu des conversations les plus animées, Mme Récamier surveillait et entendait tout ce qu'on disait à sa fille d'adoption, tant étaient constamment présents à sa pensée les devoirs de cette maternité d'emprunt qu'elle s'était imposée.