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D'UN CHARLATAN LYONNAIS 95 payer, grands soucis du ménage ; chantant la Belle Bourbon- naise, battant sa femme, plus souvent battu et trompé par elle, et finissant toujours par trinquer avec celui qui le trompe et qui le bat. Voilà le fond de toutes ses pièces à lui, avec mille gaillardises, mille quiproquos, mille équi- voques, toujours comprises, toujours senties par son public rieur et ébahi. » Il n'y a pas à s'y tromper. C'est bien là tout entier le joyeux compagnon de Guignol. Si ce rapprochement n'est pas imaginaire, le père Thomas mérite une place dans la galerie des Lyonnais célèbres. Acteur, il sut s'incarner dans un rôle dont le succès prodigieux rivalise avec les plus fameuses créations du théâtre, un rôle dans lequel il se survit à lui-même. Auteur, il fut peut-être l'initiateur d'un genre qui depuis a fait du chemin ; il a rompu avec les traditions du théâtre classique ; il a ramené, l'un des pre- miers, l'art dramatique à la vérité de la nature. Enfin, il y a un trait par lequel il ne ressemble à personne : il fut, sans doute, le seul beau-père qu'un gendre ait trouvé le moyen d'exploiter après sa mort. A L . POIDEBARD.