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148 NOTICE BIOGRAPHIQUE que dans les grandes œuvres littéraires de notre xvn e siècle, il est sans cesse question de Dieu et de l'âme, de la destinée de l'homme et de ses devoirs. Il cherchait à pénétrer ses élèves de ces nobles traditions que fortifie et précise l'enseignement chrétien. Aussi s'effor- çait-il de leur inspirer pour la religion le respect dont il donnait lui-même l'exemple en toutes circonstances, et ceux-ci étaient d'autant plus disposés à subir cette salutaire influence qu'ils savaient que, chez leur maître, les actes et les paroles étaient en parfaite harmonie. On l'avait vu aux processions delà Fête-Dieu de la paroisse de la Rédemption porter le dais avec la simplicité et le recueillement d'un chrétien convaincu. Ceux même qui ne partagent pas entièrement les convic- tions qui l'animaient ne peuvent nier que le sentiment reli- gieux ne soit le plus puissant auxiliaire à l'accomplissement du devoir. C'est là , non moins que dans l'amour de son métier, que M. Hignard puisait ce dévouement de toutes les heures à sa tâche de professeur. Il n'en négligeait aucune des obligations. C'était un travail bien ingrat que de lire les productions plus ou moins fantaisistes, en latin ou en fran- çais, de ses jeunes rhétoriciens. Il corrigeait tout avec une scrupuleuse conscience. Au temps où florissait la bifurca- tion, quelques-unes de ses classes réunissaient, pour le discours français et la version latine, les deux sections des lettres et des sciences et comptaient jusqu'à soixante-quinze élèves. Il y avait dans la lecture de toutes ces copies une besogne considérable devant laquelle il ne recula jamais, même quand un énorme surcroît de travail vint tout à coup s'imposer à lui et qu'il dut préparer dans un délai très court ses thèses de docteur.