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SUR HENRI HIGNARD I43 ne désirait plus que de rendre une compagne heureuse avec lui et d'augmenter son propre bonheur en le partageant. Un religieux de ses amis le mit alors en relations avec une ancienne et très honorable famille de Provence et, le 14 novembre 1848, il épousait Mllc Elise de Rasque de Laval. Ici, une réserve que l'on comprendra s'impose à mes louanges. Mais ne me sera-t-il pas permis de rendre hom- mage, en passant, à celle qui a contribué pour une si grande part au bonheur de l'ami que nous pleurons. Elle lui appor- tait les dons les plus rares du cœur et de l'esprit. Ils vécurent désormais l'un pour l'autre, dans une touchante union qui réalisait l'idéal du mariage chrétien. Une seule chose y manquait. Ils n'eurent pas d'enfants. Ce fut là leur épreuve. M. Hignard rappelait que les philosophes grecs faisaient de WÙTV/MX une des conditions d'une vie heu- reuse. Mais leur intimité de tous les instants n'en fut peut- être que plus grande et la fusion de leurs deux âmes plus complète. Une grande douleur devait suivre de près pour M. Hignard cette grande joie. Sa mère était depuis six ans condamnée à une immobilité presque absolue. A ses maux vint s'ajouter la cécité. Elle ne vit sa nouvelle fille que huit jours et mourut quelques semaines après, le 29 décembre. — « Ce sont d'amers souvenirs, écrivait plus tard M. Hignard, bien que cette douce image que j'ai toujours devant les yeux y mêle de grandes consolations. » Au commencement de cette même année 1848, le 8 avril, il avait eu déjà le chagrin de perdre son frère Jean-Edouard. Seul désormais avec sa jeune femme, M. Hignard s'ins- talla dans cet appartement du cours Morand dont se sou- viennent si bien beaucoup de ses anciens élèves devenus