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236            UNE PAGE DE LA VIE LYONNAISE

   Mm= Récamier avait rencontré Talma chez Mme de Staël
qui admirait beaucoup son talent. Cet artiste étant venu lui
faire une visite, elle le retint à dîner. Le hasard amena aussi
ce jour-là Mgr de Boulogne, évêque de Troyes, prédicateur
célèbre, alors en disgrâce et de passage à Lyon.
   Talma lui fut présenté et mit une bonne grâce respec-
tueuse à déclamer, pour lui être agréable, les rôles où il
avait à exprimer un sentiment religieux. En retour, il lui
témoigna le désir d'entendre quelques morceaux de ses
plus brillants sermons, ce qui lui fut accordé sans façon.
   L'illustre tragédien écouta l'évêque attentivement, loua
fort la diction, puis faisant quelques observations sur les
gestes, il dit en montrant le buste du prédicateur :

   « C'est très bien jusqu'ici, Monseigneur, mais le bas du
corps ne vaut rien. — On voit bien que vous n'avez jamais
songé à vos jambes. »

   Vers la fin de cette même année, la nouvelle du départ
de Mme de Staël pour la Suède, parvint à ses amis. —
Mme Récamier, qui espérait la revoir, tomba dans une pro-
fonde mélancolie. — Mathieu de Montmorency, compre-
nant qu'elle avait besoin de distraction, l'encouragea à
partir pour l'Italie, où Ballanche devait la rejoindre ; et lui-
même il l'accompagna jusqu'à Chambéry.
   C'est à Rome que les lettres de la duchesse de Luynes
apportèrent à la belle voyageuse des détails navrants sur la
santé de Mme de Chevreuse et enfin le 18 juillet 1813, la
nouvelle de sa mort.
   Ainsi se trouvait dispersée cette aimable société : —tandis
que la charmante duchesse de Chevreuse, moissonnée à la
fleur de son âge, était portée au cimetière de Loyasse pour