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                      SOUS LE PREMIER EMPIRE                 235

je les ai vus là avec bien du plaisir. — En tout, ce petit
présent est plein de grâce, comme tout ce que vous faites et
j'en suis ravie.
   « On dit que vous souffrez, je voudrais bien vous guérir
et que vous ne souffriez plus du tout. J'irais de bon cœur
pour cela vous chercher, comme faisaient ces princesses,
une plante tout au haut d'un mont, quand même il faudrait
me lever au milieu de ma fièvre. — Faites-moi le plaisir de
croire que je vous aime. Jamais je n'ai rien demandé avec
plus de désir de l'obtenir.
   « Adieu Madame, dormez bien et que je vous voie bien-
tôt, je vous prie (ro). »


   L'état de faiblesse de Mme de Chevreuse allait croissant
d'une façon effrayante, elle ne se levait plus que quelques
heures par jour ; mais vers le soir on l'habillait et, quand
ses forces le lui permettaient, elle se faisait porter au théâtre
pour y entendre Talma.


   « J'espérais vous voir aujourd'hui dans la loge de Mme de
Chevreuse, écrit Camille Jordan à Mme Récamier ( i l ) ,
mais nos dames, à qui j'en ai parlé, paraissaient désirer que,
vu les bienséances d'un deuil récent, je diffère d'aller au
spectacle. Je me rends à un scrupule peut-être exagéré,
mais respectable, j'attendrai la toute dernière représentation.
Le regret d'entendre si peu Talma au théâtre me fait
désirer davantage la lecture en prose. Arrangez-la donc si
vous pouvez. »


  (10) Souvenirs et correspondance, t. I e r , p. 188.
  (11) Mmc Récamier et ses amis, p. 133.