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SUR HENRI HIGNARD I4I association si obscure, et fondée dans l'ignorance complète de ce qui l'attendait, eût été bénie de Dieu, et qu'il nous eût choisis, faibles et misérables auxiliaires, pour concourir à sa gloire par la régénération de notre patrie. Que cette vocation serait belle, mon cher ami, et que vous êtes heureux d'y avoir pris une si grande part en créant la réunion de Saint-Etienne. » Il ressort clairement de ce témoignage que si la Société de Saint-Vincent de Paul n'a eu qu'en 1844 une existence pour ainsi dire officielle dans cette ville, c'est M. Hignard qui, dès 1842, en avait groupé les premiers éléments et formé le premier noyau. Pendant la deuxième année de son professorat à Saint- Etienne, M. Hignard perdit son père, le 20 avril 1843. Cette mort, en lui causant une grande douleur, lui créait de nou- veaux devoirs. Il aimait beaucoup sa mère, dont la santé lui causait de graves inquiétudes. Il désirait vivement se rapprocher d'elle. Il voulait l'entourer de ses soins et lui donner la consolation de voir désormais auprès d'elle ce fils dont elle était si fière. Il sollicita avec instances de M. Villemain, alors ministre de l'Instruction publique, une place à Lyon. Ses anciens maîtres s'efforcèrent de seconder ce désir. Tout le monde s'y prêta. La classe de troisième devenait bien nombreuse. On fit entendre à M. Carrol qu'il devait demander un divisionnaire. C'était une place toute trouvée pour M. Hignard, qui l'accepta sans hésiter. Il dut rester quelque temps sans traitement, n'ayant que ses leçons. En outre, il sacrifiait une place de professeur de rhétorique pour un enseignement moins agréable, parce qu'il s'adresse à de plus jeunes élèves. En rhétorique, remarquait-il, on peut tout dire ; tout ce qui est bon, bien entendu. L'esprit des jeunes gens est préparé pour tout