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I42                 NOTICE BIOGRAPHIQUE

comprendre. Dans les classes précédentes, le professeur ne
peut pas se donner carrière : il a toujours peur d'être au-
 dessus des intelligences auxquelles il s'adresse.
   Il se donna néanmoins de tout son cœur à ses nouvelles
 fonctions. Il était du reste si loin de préférer son agrément
personnel à ce qu'il considérait comme son devoir, que,
 plus tard, professeur de seconde, il hésitait à accepter la
rhétorique qu'on lui offrait, craignant d'y réussir moins
bien et d'y être par conséquent moins utile. Il fallut, pour
le décider, les instances réitérées de personnes amies et
 éclairées, qui avaient une idée juste et arrêtée de sa valeur.
    Il y avait en troisième, en cette même année 1843, deux
jeunes gens destinés à devenir les collègues du nouveau
professeur et ses amis de toute la vie. L'un, Alfred
Heinrich, allait être son élève ; l'autre était dans la division
de M. Carrol. C'était M. Vignon, qui devait être lui-même
un très distingué professeur de notre lycée, futur successeur
de M. Hignard en rhétorique.
   Sans pouvoir m'arrêter longtemps sur les débuts à Lyon
du jeune divisionnaire de troisième, je suis heureux de
citer l'appréciation d'un de ses élèves de 1843 : « Il fut,
m'écrivait-il dernièrement, plus que notre professeur ; il
fut un véritable initiateur aux choses de l'âme. C'est pour-
quoi nous unissons toujours sa mémoire à celle de l'abbé
Noirot, ce qui n'est pas peu dire. »
   Chargé de la seconde en 1846, il en fut nommé profes-
seur en septembre 1847. Il aborda, avec non moins de dis-
tinction et de succès, l'enseignement de ce que l'on appelait
alors les humanités, bumaniores litterœ, classe importante
pour l'éveil et la bonne direction des jeunes imaginations,
pour la formation du goût naissant. Il se considérait dès
lors comme dans sa véritable vocation. Il était heureux, et