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ORIGINES DE LUGDUNDM. 331 rait à expliquer les noms plus simples de rivière, Bièvre et Bèbre, qui n'admettent qu'un radical beb au bib et un suffixe ar ou er. Pour mon compte, je crois que ces deux derniers mots, soit qu'ils désignent le castor, soit qu'ils dénomment un lac ou un cours d'eau, sont un même terme s'interprétant « le liquide, l'ondin, l'aquatique. » \° Quant au castor, cette signification se trouve reproduite par le nom cymriquc traditionnel qui désigne l'amphibie construc- teur: avank « des eaux - celui » A'ab, ap, av, eau; 2° l'élément dénominateur se remarque en plusieurs cours d'eau de la Scy- thie européenne et des Indes : YHyph-aà s, Ârr. r?-«.mç. sansc. Vip-htii, l'Hyp-aais, en sansc. probablement Vïp-ana, lesquels paraissent dépendre , comme l'av-ank, d'ap ou «6, mais modifié. Alors, les Bcuvron, les Brévennes, les Bébronna auraient trans- misjusqu'à nous un primitif aryen Vip ou Biparti, auquel se serait suffixe, dans la suite des temps, lecymr. aon, rappelant une con- sécration, suivant plusieurs linguistes (1). Les Brévennes annon- ceraient un lac sacré, comme la Bcbronneunc fontaine divinisée (2). Mais à quel âge rapporter ces deux noms ? Je les crois cam- briens quant au préfixe aon ; pour le reste, ils sont indo-euro- péens, c'est tout ce que je peux et dois en dire. Je ne termine- rai pas, cependant, sans faire observer à mes lecteurs que l'étang des Brévennes, eu égard à l'antiquité de son vocable, me semble, ainsi qu'à l'auteur de la lettre à M. de Saint-Pulgent,une lagune pro- duite parle dernier cataclysme qui amodifiélasurfaceduglobe(3). (1) M. Roget de Belloguet, Ethnogênie gauloise, ire partie, n o s 293 ad cale, et 294. (2) Bébronna ou Bebrona, comme Acionna et Divona, fut véritablement consacrée. Les saints Domitien et Ragnebcrt ne se rendirent pas l'un après l'autre dans le locellus Bebronnensis, sans avoir eu l'intention d'y détruire un culte profane. Le docte abbé Jolibois fait même du nom de Bébronne le générique des sources consacrées: « une de ces fontaines saintes, une de ces Béhrones, si fréquentes et si vénérées des anciens Gaulois. » (Dissert, sur l'hist. anc. des Bombes, 107.) (3) Lett. à M. de Saint-Pulgetit, id,