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              J. TERRAS ET C


                       ÉTUDE LYONNAISE (f.




   M. Jérôme Terras avait soixante ans, bien portés. 11 pos-
sédait cette belle prestance que je rencontre avec plaisir
chez le gros négociant, que j'exige presque du banquier,
tant j'aime les financiers florissants et gras. Je suis comme
les gens de la campagne, cela m'inspire confiance. Préjugé
bien épais si l'on veut, je trouve que les maigres sentent
l'usure et même pis. Ceci soit dit sans toucher au crédit des
gens maigres , qui n'est pas, pour cela, moins solide, au
contraire. Enfin, c'est affaire de goût; je veux de l'harmo-
nie entre la caisse et la personne.
   Aussi j'aimais a voir ce bon M. Terras avec sa grosse
tête grisonnante, un peu chauve, au front peu vaste mais
poli, aux gros yeux de faïence bien en dehors, la joue pleine
et rosée avec favoris de curé, la lèvre riche et pourpre sous
un nez d'enfant, le menton opulent... nous passons sur le
ventre; en somme, toute la mine et la tenue d'un fabricant
de soieries qui se sent beaucoup d'étoffe.
   Chef d'une des premières maisons de Lyon, il était arrivé
par degrés, après de modestes débuts, a cette haute posi-
tion commerciale. « Il a commencé canut comme nous »,
disaient ses ouvriers avec un sentiment d'admiration, où se
mêlait peut-être un peu d'envie, bien excusable sans doute;

   (1) Maigre la charge à fond do train contre Bellccour et les Terreaux
faite par notre humouriste collaborateur, nous admettons dans notre grave
REVUE cette Nouvelle écrite spécialemen l pour nous, bien persuadés que
ni Bellccour ni les Terreaux ne prendront au sérieux une galerie de
portraits trop chargés pour être ressemblants.
                                                  Note de la Direction.