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DU CULTE DE SAINT JEAN. 187 bre de ces esprits^du mal et lui assignaient même un rang con- sidérable. En lisant les décrets pénitentiaux du Burchard de W o r m s , on voit qu'Hérodiade partage avec Diane, déesse des païens, le commandement de la troupe des sorcières, et qu'elle apparaît à leur tête lorsque, durant te silence des nuits, l'innom- brable multitude parcourt la terre. Hérodiade figure aussi dans le pandémonium connu en Allemagne sous Le nom de Wûtendes Heer, et dans la chasse du roi Hugon, etc. D'autres documents nous apprennent que le culte superstitieux d'Hérodiade prit un si large développement, qu'elle passa dans l'esprit de ses ado- rateurs pour régner sur le tiers du monde. « Eh ! quoi ! s'écrie, au dixième siècle, un saint évêque de Vérone, Ratherius, Franc d'origine et né dans les environs de Cambrai : Ces hommes ne se contentent pas de faire d'Hérodiade, de celle qui a tué Jean- Baptiste, une reine et même une déesse, ils affirment encore que le tiers de l'univers lui appartient, comme s'ils lui donnaient cet empire pour la récompenser de la mort du prophète ! » Le zèle des évêques et leurs énergiques censures luttèrent en vain contre ces croyances impies. Un personnage fantastique, connu en France, au moyen-âge, sous le nom de Domina Abundia, ou dame Habonde, passait aussi pour régner sur le tiers du monde. Grimni, dans ses recherches sur la mythologie germanique, signale les rapports frappants qui existent entre cette dame Habonde et Hérodiade. Il pense que ce tiers du monde qu'Habonde traîne à sa suite, représente les enfants non baptisés , ou le grand nombre de païens, lesquels sont exclus de la communauté chrétienne. II. Nous avons dit qu'au culte de saint Jean se rattachaient des usages singuliers et des superstitions nombreuses. Nous allons aussi brièvement que possible en présenter le tableau et en rechercher l'origirie. Le plus célèbre de ces usages est connu sous le nom de Feu de la Saint-Jean. Son existence est suffisamment indiquée dès