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jeure et n'était point mariée, parce que son éducation avait
un peu traîné en longueur. Cen'éiaitpoint la faute du Sacré-
Cœur, où l'enfant avait été élevée. Le Sacré-Cœur avait fait
son possible, mais, franchement, l'intelligence de Nélida
n'était point à la hauteur de sa fortune, ni même de sa per-
sonne. C'était en effet une assez jolie blonde, au teint éblouis-
sant, aux traits réguliers, a l'œil bleu indécis, le tout du
reste manquant un peu d'expression. Si l'esprit, chez Nélida,
était un peu en retard, il en était autrement de la tête et du
cœur: elle était sentimentale et romanesque endiablé. C'est
qu'elle avait travaillé toute seule, pendant ses vacances trop
 peu surveillées et depuis sa sortie de pension, a compléter
 son éducation par la lecture des romans. Cette éducation,
 qui préoccupait tardivement son bon oncle, était donc faite
 et mal faite, ces lectures étant d'autant plus dangereuses
 aux imaginations vives, lorsque l'intelligence laisse à désirer.
 Aussi avaient-elles jeté dans rame et surtout dans la tête de
 la pauvre Nélida beaucoup d'incohérences et d'exaltations.
 Comment Mme Terras, cette femme au sens droit et positif,
 avait-elle laissé sa nièce s'engager dans cette voie périlleuse
 de la chasse aux chimères et à l'idéal? Cette tante affairée
 n'avait pas eu le temps d'éplucher beaucoup la nourriture
 intellectuelle et morale de la jeune fille. Elle et son mari ne
 s'étaient guère occupés jusque-là de cette enfant que pour
 la gâter et lui passer toutes ses volontés, la sachant assez
 riche pour faire, malgré tout, un beau chemin dans le
 monde. Quant aux romans, Mme Terras les avait toujours
 considérés comme d'innocentes babioles et de plus , a son
 gré, fort ennuyeuses , n'ayant jamais pu, dans les rares ten-
 tatives qu'elle avait faites, lire huit pages du plus intéres-
 sant sans bâiller à plaisir. Trouvant donc les romans sans
 autre action sur elle-même, elle les jugeait sans danger
 pour personne, comprenant peu le goût de sa nièce pour