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                       POÉSIE.

Au pays de Forez, où ma Muse chemine,
De plus humbles échos s'éveillent sous ses pas,
O terre de la gloire, et nous ne portons pas
La couronne ducale et le manteru d'hermine.

Mais, tandis que chacun dans l'or voit le bonheur,
Chez nous, comme chez toi, c'est plus haut que l'on vise :
Et nous avons peut-être, ô terre de l'honneur,
Le droit d'inscrire aussi ta sublime devise.

Nous bravons, comme toi, les faux dieux triomphants ;
Sous le sayon rustique et sous la noble armure,
En face des combats promis à nos enfants,
Nous leur disons : « La mort plutôt qu'une souillure ! »

Toi, tu seras toujours le soldat obstiné,
La terre du vieux droitirebelle aux nouveaux maîtres.
Comme en ton dur granit un chêne enraciné,
Tu retiens dans tes flancs la foi de tes ancêtres.

De nul vainqueur jamais tu n'as suivi le char,
La dernière soumise et libre la première !
Ton sol a rejeté les traces de César ;
Le Christ seul t'imposa son jpug fait de lumière.

Tout ce qui touche à toi s'empreint d'éternité.
Les pierres des dolmens fondront comme du sable,
Avant qu'on ne t'ébranle en ton âme indomptable ;
Rien n'en extirpera Dieu ni la liberté.

Quand tout s'abaisserait sous la force usurpée,
Vous seuls sur ce granit, Bretons au cœur féal,
Vour resteriez debout, gardant à l'idéal
Une lyre toujours et toujours une épée.

                          VICTOR DE LAPRADE.