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                              TIC-TAC.      •                     71
les fautes sont personnelles... mais le déshonneur est pour tous...
et cet homme était innocent !... entendez-vous, messsieurs les
juges?... J'en ai les preuves , les voici (et il fit mine de tirer un
papier de sa poche). Lisez, voyez, concluez ! c'est moi qui l'ai
tué! quelques mots ont suffi. Je le croyais coupable, c'est vrai,
mais il ne l'était pas, je vous dis ! Réhabilitez-le donc ! mais vous
ne voudrez jamais vous avouer faillibles... Avez-vous réhabilité
Lesurques?... Cet homme, il laissait un enfant, un pauvre petit
être'qui n'avait pas d'autre soutien... Je l'ai adopté... c'est mon
fils... Je l'ai vu à vingt ans oublier mes soins et mes sacrifices,
et me demander compte du sang de son père... Oiï ! que j'ai souf-
fert... Je me mis à genoux et je dis : Tu as raison, frappe, sang
pour sang! Il me pardonna. C'est un noble cœur. Mais l'autre,
le supplicié, la victime, m'a-t-il pardonné celui-là? Oh non ! de-
puis vingt-cinq ans, je le vois toujours menaçant et farouche. J'ai
quitté la société ; il m'a suivi dans ma retraite... Pitié, pitié, un
moment de repos! ne dépasse pas ce seuil, entends-tu? ... par-
tout où tu voudras ! mais pas ici ! Ne viens pas épouvanter, avec
ton cou sanglant, cette jeune fille... ne viens pas, ne viens pas !
   Et tombant à genoux sur le seuil, le malheureux vieillard se
mit à sanglotter el à frapper la terre de son front.
   Henriette,que l'effroi avait un moment paralysée,s'approcha de
lui, le releva, et par ses caresses tâcha de le calmer. 11 faudra,
dit-elle, la crise passée, écrire à voire fils de venir vous voir. Je
sais quelqu'un qui peut-être ne dirait pas non, si vous disiez : Le
voulez-vous?...
   Que Dieu te bénisse pour ce que tu viens de penser, quand
même cela n'aboutirait à rien, fit le vieillard.


                          Au coin du feu.

   L'automne suivant... Bon ! je vous entends : Ah ça ! il est ridi-
cule, ce monsieur! Il a ouvert son récit par une description de
l'été, puis il a parlé du printemps... à présent voici l'automne!
C'est donc un marchand des quatre saisons, car à coup sûr l'hi-
ver aura son tour. Si du moins il suivait l'ordre de l'almanach!...