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334                   ORIGINES DE LUGDUNUM.

de la Chalaronne, et des sources à l'embouchure. D'autres bois,
expansion de cette futaie immense, rayonnaient autour de Cha-
leins. Sur le territoire ambare, des celaircies recevaient, au bord
des cours d'eau, les cabanes éparpillées de peu nombreux vil-
lages, entourés de cultures enfouies sous les arbres, et en grande
partie potagères; tel se montrait avant 1789 le bocage de la
Vendée et du Perche, tel, vers 1830, le Boicbau du Berry (1).
Mais, sur le sol de la marche, vis-à-vis 'de Chalamont, régnait
la forêt, la forêt inextricable, ténébreuse, çà et là découpée par
des lagunes irrégulières, aux bords couronnés de roseaux, aux
surfaces vêtues de nénuphars blancs et jaunes, et peuplées d'é-
chassiers et de palmipèdes.
   Revenons maintenant à Chalamont. Rien de bizarre comme les
noms de lieu similaires Ghaumont et Chalamont. Les latinisants
ont rendu chau du premier tantôt par calidus, tantôt par calvus.
« Chaud mont » est une niaiserie; « dénudé mont », moins dé-
raisonnable, peut s'étayer de la transcription méridionale Calvi-
mont. Quoi qu'il en soit, calidus ni calvus n'ont rien à voir ici. Mon'
regrettable compatriote, M. de Pétigny, de l'Académie des ins-
criptions, soupçonna le premier l'identité de Ghaumont et du
topique gaulois latinisé Caletedunum, Caledunum, Calidunum,
Calalonum, l'un des plus communs de la géographie gallo-ro-
maine (2). Dans ces mots construits, le calidus « chaud » des la-
tinisants tient la place de caled, calet, calid « boisé, et mons de
dunum, son analogue. Caletedunum « boisée montagne » s'ap-
pliquait à des chaînes de collines, à des plateaux couverts de bois;
de tout point identique au Celyddon, la Calédonie grampienne
dont je parlais récemment, au Calen ou CaWn-hoven, la Caly-
dona silva de l'arrondissement de Thionville (3) aux Chèdon des
Turones, au Calydon des Grecs, etc.

   (1) « La terra dou Boychaut. » V. dans M. Raynal, IIM. du Berry, I,
xjv, une description de cette contrée, l'une des plus pittoresques de la
France.
  (2) Rev. numism., année 1853, p. 154.
   (3) Caknhoven est donné par Teissier, p. 431 de ses Reçherch. sur l'è-