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30fi BIBLIOGRAPHIE. « naison la plus commode en ce bel endroit. » Un peu plus loin, il est question de « massacre, de cadavre écharpé, « sanglant, d'eau qui étouffe sans blesser. » N'était la forme toujours élégante, le ton dégagé du narrateur, on dirait un procès-verbal de commissaire de police ou la déclaration d'jin médecin au rapport. Est-ce à dire que je blâme M. Georg Temple de n'avoir plus, de notre temps et écrivant pour notre société distraite, le style abstrait et les belles dissertations uniformes du XVIIe siècle?Ce serait lui reprocher l'intérêt piquant de son livre, le charme par lequel il nous force à le suivre sans monotonie et sans fatigue pendant ces vingt journées. Je pourrais mettre en parallèle bon nombre de pages où ce goût de l'opposition nous donne des jugements finement motivés. Je choisis deux citations qui peuvent plaire à quelques lectrices et a quelques lecteurs français. M. Georg Temple vient de nous présenter M. Frédéric, le fiancé de Mlle Clara, la jeune fille que nous avons vue sur la terrasse : « Le bien-aimé ou le fiancé est en Allemagne toute une o institution, et qui mérite des éloges. Grdce à elle, le cœur « des jeunes filles est de bonne heure fixé ; surtout il est « occupé, il est actif, il vit de sa vie naturelle. En France, « la situation faite aux jeunes filles est vraiment intolérable : « pour celles qui ont le cœur généreux, nul repos ; l'imagi- « nation les ballotte sans cesse d'un objet à un autre, rêvant « la chimère, poursuivant même l'aventure, jusqu'à ce que « lasses d'illusions ou d'attente vaine, elles acceptent en « fermant les yeux un mari inconnu qu'elles voulaient choi- « sir. Mais pour le plus grand nombre, le cœur ne s'éveille « jamais; il vit dans celle indifférence qui, au dire des parents « aveugles, est la seule atmosphère convenable aux jeunes « filles, on devrait dire aux enfants ; car, si l'on juge le sys-