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BIBLIOGRAPHIE. 303 qu'il ne saurait s'ennuyer à loisir. Ces vacances même sont- elles de tout point complètes ? Ne lui reste—t—il pas, pour les remplir, oelte manie d'analyse que je signalais en commen- çant, ce goût pour l'économie politique que ses réflexions révèlent en plusieurs endroits, et surtout ce soin délicat avec lequel il veut entretenir l'intérêt du lecteur en lui contant son voyage dans un style simple à la fois et châtié, en lui présentant une série de petites scènes où chaque détail est mis en relief par l'emploi du nom propre, du terme technique et de l'image exacte, où les idées se succèdent et se font con- traste, spirituelles ou émouvantes, à demi enthousiastes ou railleuses, mais toujours contenues et tracées d'une main légère, parce que l'auteur redoute deux choses plus qu'au- cun autre, d'appuyer trop longtemps ou trop fort, d'ennayer ou de déclamer ! On a pu reconnaître le procédé dès le début. Pourquoi, je vous le demande, cette fantaisie de suicide qui saisit M. Georg Temple au débarqué de la gare el dés ses premiers pas sur la terrasse de l'auberge? Ah ! c'est qu'il vient de peindre un coquet petit village, c'est que quelques lignes plus bas il doit amener une jeune tille portant un petit enfant; tout ce côté du tableau rentre dans la même teinte gracieuse ; le lecteur d'aujourd'hui, ce lecteur affairé qui découpe le nouveau volume, le cigare aux dents, durant une courte halte entre le comptoir, la Bourse et le cercle, ne pourrait-il point bâiller devant ces sentimentalités ? Il faut bien vite secouer ses nerfs par us changement violent ; il regarde encore a l'eau azurée « du grand fleuve, » « les ruelles qui montent vers les vi- « gnobles et descendent sur la rive. » On lui parlera brus- quement d'aller se faire broyer sous la locomotive ou se noyer dans le Rhin. Voyez combien l'énumération est précise : « se coucher à la nuit tombante sur le passage d'un train, ou « s'y jeter au momeut même, en plein jour, est la combi- 20