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292                    1. TERRAS ET C°.

faite en faveur de la nièce. La fortune et l'avenir de cette
jeune fille allaient donc dépendre uniquement, vu l'incapa-
cité de l'oncle, de l'intraitable Mme Terras.
    En présence d'une pareille situation, la marquise comprit
l'inanité des moyens ordinaires et la nécessité de frapper
un grand coup. Agir plus fortement sur l'esprit exalté de
Nelida et la porter aux résolutions extrêmes, la noble
dame ne vit plus d'autres moyens pour vaincre la résistance
de la tante. Elle ne recula pas devant l'idée coupable de
compromettre au besoin la jeune enthousiaste , afin de
rendre une union indispensable. Outre le peu de moralité
d'une pareille combinaison, c'était jouer un jeu dangereux
avec une femme de la trempe de Mme Terras. Cependant,
comme elle n'avait pas d'autre héritier possible, pourvu
que le mariage se fît, n'importe par quel moyen, il faudrait
bien, bon gré, mal gré, qu'elle en prît son parti et qu'elle
s'exécutât. Ainsi pensait la marquise , et voici comment
elle s'y prit pour l'exécution de ce joli plan.
    Un beau jour, elle aborda carrément la question avec
Mme Terras, démarche qu'elle n'avait pas osé risquer jus-
qu'alors. Le résultat fut conforme à ses espérances. Elle fut,
comme elle y comptait bien, sèchement éconduite , et son
fils fut prié de cesser ses visites. Ceci rentrait dans le plan
de la marquise.
    En effet, Nelida désormais va pouvoir se croire persé-
cutée, et son amour, sérieusement traversé, va prendre plus
d'essor. Quant aux rapports interrompus entre nos jeunes
gens, avec quel avantage ne seront-ils pas remplacés par
une correspondance clandestine qu'il sera facile d'organiser?
Cette correspondance sera chauffée jusqu'il l'incendie,
montée jusqu'à l'insurrection, débordée jusqu'à l'enlève-
ment. Quel admirable terrain que la tête de Nelida pour
cette culture vésuvienne. La seule tendance qu'il faudra