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J. TERRAS ET C°. 287 ce qu'elle rêvait de sublime et de pur. Le vrai Gaston était bien loin de se douter qu'il possédât un tel amas de perfec- tions. Quand la marquise vit l'oncle bien amadoué dans ses in- térêts et son fils bien accueilli par Nélida, elle commença à décrire autour de sa proie les cercles de l'épervier, oiseau qui figurait du reste sur l'écusson des Chalendrèse, avec cette fière devise : Supervaleamus ! ce qu'on aurait pu tra- duire ainsi, dans la circonstance présente : Tâchons de l'avoir ! * — Quelle ravissante petite marquise vous feriez, mi- gnonne; c'est une distraction de la Providence qui vous a faite bourgeoise il y aurait bien un moyen de corriger l'erreur, mais — Mais quoi ?.,. Madame la marquise. — Vous êtes trop riche, mon enfant... — Ici un soupir. — Je croyais que cela n'y pouvait nuire, Madame.,. — Quand la marquise est faite, sans doute, ma belle; quand elle est à faire, c'est différent .. Ah ! mon pauvre Gaston !... pauvre en effet... si...—Un autre soupir achevait assez clairement la pensée de la marquise. Alors Nélida, s'étant recueillie, éclatait : Ah ! Madame, comment me jugez- vo us ?,.. Puis elle enfilait une tirade véhémente qui prouvait en général combien elle profitait de ses lectures, et en particulier diverses choses très-loua- bles, entre autres, le peu de cas qu'elle faisait de la fortune. — Ah ! tant mieux, psnsait la marquise, — et même de la noblesse. — Ah ! tant pis, se disait la noble dame, — en- suite son unique désir d'être aimée pour elle-même et non pour son argent, et d'aimer pour lui-même et non pour sa noblesse celui qu'elle choisirait.