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                       I, TERRAS ET C e .                    281

cette lecture etle prenant tout simplement comme la consé-
quence obligée d'une éducation supérieure. Grave erreur
d'une tante,ignorante, elle pensait, puisqu'elle avait tant tra-
vaillé pour sa nièce, que celle-ci pouvait bien lire pour sa
tante. Les travaux de sa laborieuse carrière ne l'avaient
point formée à ces soins délicats d'une mère pour l'éduca-
tion morale de ses enfants. Elle était de celles qui croient
avoir bien fait et tout fait, quand elles leur ont gagné de l'ar-
gent et donné l'instruction du riche, c'est-à-dire les deux
choses qui ont été la plus dure privation de leur propre jeu-
nesse; car, pour l'éducation, si elles en ont manqué aussi,
elles en ont du moins peu souffert.
   Il va sans dire que Nélida avait de bons principes; elle
avait ceux du Sacré-Cœur , et, quoi qu'en pût dire le bon
Jérôme, il n'y avait pas a argumenter Fa-dessus : les prin-
cipes du Sacré-Cœur valaient bien les siens; il n'aurait pu
y ajouter que du velours.
   Le mariage de Nélida était naturellement devenu le grand
souci du couple Terras, fort divisé du reste sur cette
grave question. Car ce n'est pas une petite affaire que de
bien placer une fille qui s'avance avec un demi-million,dans
la main, et suivie d'un oncle et d'une tante qui en portent
chacun un bien entier sur leur tête respectable.
   Mme Terras, peu férue de noblesse, trouvait suret simple
de donner la nièce et la dot à l'un de ses deux élèves, Léo-
pold Certeau ou Philippe Charvet. Le premier, il est vrai, à
cause de son infirmité, était à peu près hors de concours, et
il eût sans doute eu le bon goût de se récuser lui-même.
Restait donc le brave et laborieux Philippe, qui eût encore
accepté la dot, mais qui ne voyait point la nécessité d'y
joindre la nièce. Sauf la différence d'âge, qui était un peu
forte, et la différence d'éducation qui l'était beaucoup plus,
ce deuxième pilier de la maison Terras et Cia était un assez