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282                    J. TERRAS ET C e .

bon parti, offrant surtout pour la conservation de la dot
d'immenses sûretés. Cependant l'orgueilleux et naïf Jérôme
frémissait dans sa fibre chevaleresque, a l'idée que son hé-
ritière pût épouser jamais le fils d'un boulanger obscur. —
Boulanger, mais honnête, insistait Mme Terras. — Honnête,
mais boulanger !... rétorquait son époux. — Nous avons été
.panuts, objectait madame. — Monsieur ne répondait pas: il
Regardait son ruban avec un sourire. Madame aussi le re-
gardait, ce ruban; elle aussi avait un sourire, mais ce n'était
pas le même... Enfin, on ne s'entendait pas; et Jérôme, jus-
que-là si docile, ne transigeait pas sur cette grave question.
    11 y avait aussi l'avis de Nélida qui devait bien être compté
pour quelque cho§e, je pense. Or, Nélida, vous vous en
doutez bien, quoique fille de canuts, n'était pas davantage
pour la boulangerie.
    M. le marquis de Chalendrèse, à la bonne heure, voilà, un
parti
                                *

   Mon fils a tout, excepté la fortune, disait sa mère la mar-
quise. Admettons, pour ne point démentir une mère, que ce
fût là le seul vice de son aimable fils; du moins, il était
complet. On n'est pas plus ruiné que ne l'était très-haute
et peu puissante dame Berthe de Tourieux, marquise douai-
rière, sans douaire, de Chalendrèse et autres lieux. Feu le
marquis son époux, viveur émérite, ne lui avait laissé en
mourant que les yeux pour pleurer. On dit qu'elle les ména-
gea : elle fit peut-être bien; ils étaient encore beaux et c'était
sa dernière ressource. Car il ne fallait pas compter comme
telle l'existence de ce fils, alors âgé de douze ans, et élevé à
Fribourg chez les Jésuites que l'on oubliait de payer. On par-
donne peu cet oubli, même chez les Jésuites. Cependant,
quand il s'agit du dernier des Chalendrèse, un marquis, les