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UN MYSTÈRE JOUÉ DANS LES MONTAGNES DU FOREZ. Il n'y a pas de longues années, sitôt que l'hiver ramenait dans nos villages les veillées et les réunions au coin du feu, arrivait la Comédie. Un âne la portait; un vieillard a barbe blanche, au front patriarcal, Monsieur Béranger de Thisy, la conduisait, suivi de toute sa famille : une femme au teint de bistre, un grand fils à l'œil noir, aux gestes décidés, une fille fort jolie, ma foi, Maria, qui, faute d'un second mâle bon a frapper la caisse, revêtait a l'âge de quinze ans des habits de garçon. La Comédie se rendait droit sur la grand' place ; on déte- lait l'âne, Maria sur le tambour faisait vacarme. La Comé- die! la Comédie ! criaient les gamins de ia place, voilà la Comédie! et l'heureuse rumeur de voler par tout le bourg. Vite l'aubergiste de la Treille nettoyait sa remise encom- brée, disposait chaises pour les premières, bancs de bois pour les secondes; l'âne grignotait son foin au parterre, la charge de l'âne occupait la scène et voila le Théâtre de la Comédie! Huit heures du soir! il fait froid et noir au dehors; on entre tumultueusement ; on se serre les uns contre les au-