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                    DU CULTE DE SAINT JEAN.                   189

l'ordre et contenaient la foule qui encombrait toutes les issues.
On suspendit à l'arbre un grand panier renfermant deux dou-
zaines de chats et un renard. Ce dernier article de dépense
était ainsi énoncé dans les registres de la comptabilité muni-
cipale de l'époque : A Louis Pommer eux, l'un des commissaires
des quais de la ville, cent sous parisis, pour avoir fourni les
chats qu'il falloit audit feu, comme de coutume; même pour
avoir il y a un an, où le roi assista, un renard, pour donner
plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de
toile, où étaient lesdits chats...
   Le feu consumé, le roi entra dans i'Hôtel-de-Ville où l'atten-
dait une collation composée de dragées, de confitures sèches,
de cornichons, de quatre grandes tartes, de massepains , de
crèmes, etc. Tandis que le roi, la cour, les magistrats et les
notables bourgeois vidaient les buffets du banquet municipal, la
foule se ruait sur les débris du bûcher et se disputait les moin-
dres tisons.
   Louis XIV n'assista qu'une fois à cette cérémonie; Louis XV
jamais.
   L'Eglise prenait-elle part à ces feux? « Oui, répond Bossuet
dans son catéchisme de Meaux , où il pose lui-même la ques-
tion dans la leçon première consacrée à la Nativité de saint
Jean-Baptiste. Oui, l'Eglise prend part à ces feux, continue-t-il,
puisque dans plusieurs diocèses , et en particulier celui-ci,
plusieurs paroisses font un feu qu'on appelle ecclésiastique. —
Quelle raison a-t-on eue de faire ce feu ecclésiastique?— Pour
en bannir les superstitions qu'on pratique au feu de la Saint-
Jean. » C'est ainsi qu'il ne fut point rare de voir dans la même
ville un feu allumé par le curé devant le portail de son église.
Cette coïncidence de la fête municipale et de la fête religieuse
 se rencontrait à Amiens. Le 23 juin 1656 , l'évêque Faure
ordonna qu'à l'avenir, dans tout le diocèse, les feux de la Saint-
Jean seraient placés devant la porte des églises paroissiales et
 que le clergé irait processionnellementles allumer. Le célébrant,
 en mettant le feu, entonnait le Te Deum, et, pour clore la céré-
monie, on donnait un souvenir aux trépassés en chantant le 2>e