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188 DU CULTE DE SAINT JEAN. e le V siècle par un passage du célèbre sermon de saint Eloi contre les superstitions de son temps, sermon que l'on peut lire dans le spicilége de d'Achery et qui se trouve dans la vie de saint Eloi par saint Ouën. Mais au XII e siècle, le témoignage du théologien Jean Beleth, et au XIII e , celui du théologien Durant, sont tout à fait expli- cites. Beleth , dans sa Summa de divinis offlciis, nous apprend que le plus généralement on allume en l'honneur du saint des brandons et des torches,et que, dans quelques localités, on pro • mène une roue ardente : rota in quibusdam locis volvilur. Plus tard, l'usage des feux de la Saint-Jean se régularise, et nous le trouvons établi dans un grand nombre de villes de France, sous les auspices de l'autorité municipale. Un bûcher paré de fleurs et de feuillages s'élevait sur la place publique, devant la maison de ville, et le maire y mettait le feu. Il est remarquable, fait observer M. Breuil, que le privi- lège d'allumer le bûcher de Saint-Jean soit un de ceux expressé- ment conférés aux maires perpétuels par l'édit de 1597. A Paris, pendant plusieurs siècles, l'honneur d'allumer le bûcher de la place de Grève fut réservé à nos rois. Louis XI, dit M. Dufey, dans un article inséré au tome 27 du Dictionnaire de la Conver- sation , Louis XI, en 1471, suivant l'exemple de ses prédéces- seurs, vint présider cette singulière cérémonie. Le feu rie la Saint-Jean, 1573, fut très-remarquable. Au milieu de la place de Grève s'élevait un arbre ou mât de soixante pieds de h a u t , hérissé de traverses de bois auxquelles étaient atta- chées cinq cents bourrées et deux cents cotterets; dix voies de bois et beaucoup de paille formaient la base de ce vaste bûcher. On y plaça un tonneau et une roue (nous prions nos lecteurs de ne point oublier ce détail, nous verrons plus tard ce que signi- fiait cette roue). Cet appareil colossal était sillonné par des couronnes et des guirlandes. Des bouquets furent distribués au roi, aux seigneurs et aux dames de la cour, aux magistrats et aux notables bourgeois. Des fusées et des pétards étaient placés dans les diverses parties du bûcher. Cent vingt archers de la ville, cent arbalétriers et autant d'arquebusiers maintenaient