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 180                  DU CULTE DE SAINT JEAN.

  a prophétisé le Seigneur Christ, qu'il a salué par un tressaille-
 ment dans le sein de sa mère. »
    Bossuet, dans ses Elévations sur les mystères, dit, en parlant
 de la visite de Marie à sainte Elisabeth : « Il (saint Jean) sent la
 présence du maître et commence l'office de son précurseur, si ce
 n'est encore par la voix, c'est par ce soudain tressaillement. »
    On peut conclure avec sécurité du témoignage de saint Augus-
 tin que, dès le IV e siècle, la nativité de saint Jean avait pris
 place parmi les fêtes de l'Eglise, et le rang qu'elle y occupait fera
facilement comprendre son importance liturgique. Un canon du
 concile de Séligeustad prescrivait, non pas un seul jour, mais
 une sorte de carême : quatorze jours d'abstinence avant la Saint-
 Jean-Baptiste. Le concile de Lérida défend de célébrer les ma-
 riages depuis la Septuagésime jusqu'à l'octave de Pâques, puis,
 trois semaines avant la Saint-Jean ; enfin, depuis l'Avent jus-
qu'à l'Epiphanie. Ainsi, aux regards du concile, la nativité du
Précurseur occupait presque le même rang que les deux plus
grandes fêtes de notre religion. Anciennement, trois messes
étaient célébrées à la Saint-Jean de même qu'à Noël. La pre-
mière se chantait la nuit, in pervigilio, la seconde à l'aurore,
sub auroram, et la troisième avant midi, horis antemeridianis.
Cet usage liturgique, attesté par le sacramentaire de Grégoire-
le-Grand, ainsi que par le célèbre antiphonaire de ce pontife, a
subsisté pendant plusieurs siècles. Malgré les explications mys-
tiques que l'on a cherché à donner de l'institution de ces trois
messes, il est permis de croire, avec M. Breuil, qu'elle ne dut
son origine qu'au seul désir de donner à la nativité de saint Jean
un caractère de ressemblance de plus avec la fête de Noël, dont
elle formait le pendant. Le parallélisme de ces deux fêtes ne
saurait échapper à l'étude la moins approfondie des faits,
  La Saint-Jean se célébrait avec la plus grande pompe et l'E-
glise, de concert avec l'autorité civile, réalisait de son mieux la
parole de l'ange: Multi in nativitate ejus gaudebunt. L'allé-
gresse publique pénétrait au sein même des monastères et y
tempérait les rigueurs de la règle.
  Nous avons vu plus haut les monuments de l'architecture re-