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                     DU CULTE DE SAWT JEAN,                    181
ligieuse nous révéler laprécellence du culte de saint Jean : l'ico-
nographie sacrée ne sera pas moins explicite à cet égard. On
appelle dyptiques ou tryptiques à figures ces tableaux d'argent,
d'ivoire, de bois, sur lesquels étaient représentés les images des
saints, au moyen du burin ou du pinceau. Ils avaient quatre
destinations différentes. Les uns se plaçaient sur l'autel comme
ornements , les autres recevaient les livres des Evangiles; une
troisième sorte était, pendant les saints mystères, présentée au
baiser du peuple; les derniers enfin appartenaient à des fidèles
qui les gardaient dans leurs maisons comme objets de piété. Or,
l'image du Précurseur se rencontre fréquemment dans la pre-
mière, la seconde et la quatrième espèce, avec une distinction
que fait ressortir M. Breuil en prenant pour exemple un remar-
quable tryptique en ivoire de fabrication grecque, et provenant
du cabinet de Benoît XIV. Ce tryptique est un de ceux qui ser-
vaient d'ornement aux autels. Si l'on fixe son attention sur le
compartiment du milieu, on y aperçoit le Christ assis, ayant à
sa droite le Précurseur, et la Sainte Vierge à sa gauche.
   Telle était la dévotion des Grecs envers saint Jean que, dans
leurs tableaux de tout genre, ils l'associaient au Christ et à sa
mère. On sait avec quelle profusion d'ouvrages d'art ils ornè-
rent la basilique de Saint-Marc. Près de la porte du baptistère
et sur la face extérieure du temple, on remarque un groupe en
marbre de Paros, représentant Jésus-Christ tenant un livre de
la main gauche et bénissant de la main droite, selon le rite la-
tin ; puis, à ses côtés, la mère de Dieu et le Précurseur lui
adressant leurs prières les mains étendues. Sansovino assigne
à ces sculptures une curieuse origine. Il prétend qu'un certain
sculpteur ayant reçu de Dioclétien l'ordre d'exécuter en marbre
Jupiter, Junon et Mercure, fit un Jésus-Christ, une Notre-Dame
et un saint Jean-Baptiste, et que cette pieuse substitution lui
valut l'honneur du martyre. Les statues, ajoute-t-il,furent trans-
portées d'Aquilée à Venise.
   Les Grecs associaient même saint Jean au Christ et à la
Sainte Vierge dans les images des habits ecclésiastiques. Can-
tacuzène rapporte que le patriarche de Constantinople, Jean,