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82 POKSIE. Ou bien, quand la raison de cette chère idole, Comme un songe effacé dès l'aurore, s'envole Et flétrit d'un point noir l'astre de sa beauté ; Quand sa mère qui pleure excite son sourire, Quand elle-même attise et chante son délire, Cruelle en sa félicité ? O mort, ô désespoirs, ô terreurs de la vie, Répondez, qu'êtes-vous auprès de l'agonie Qui tord sans le tuer le cœur du jeune époux, Lorsqu'à son premier né, morte et pourtant vivante, L'épouse ne sait plus, stupéfaite et béante, Quel enfant dort sur ses genoux ? Et pourtant j'ai connu bien des douleurs amères ! J'ai trempé de mes pleurs les débris funéraires D'une sœur qui fut belle entre mille beautés ; Loin de moi cette cendre en sa splendeur ravie, Sous une pierre inculte et sous l'herbe, avilie, Me disait ses os désertés. J'ai vu périr ma mère en sa fièvre abîmée, Ou plutôt, j'ai connu comment s'était fermée, Sans moi, son cher amour, sa paupière aux doux feux ; Puis, lorsqu'à ton foyer je revins, ô chimère, De toi quelques cheveux, des anneaux, ombre chère, Voilà ce que j'obtins des cieux ! Voyez-vous par un tube où le cristal augmente D'une fibre de fleur la masse transparente, La sève, en serpentant, sécher en ce fétu ? Tel, atome de fleur, mais retranché de celle Qui fatiguait mes jours d'une absence éternelle, Tarissait mon cœur abattu. II. O choses, vous avez une douleur secrète, Et ma muse sur vous ne serait point discrète, Si mon luth égalait vos augustes leçons; Mais que vous serviraient les plus savants délires, Les plus tendres accords , il faut à vos martyres Des sanglots et non pas des sons ;