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                  Extrait de la Revue du Lyonnais.



        LA CROSSE DE MGR C A L L O T


          Monsieur le Directeur,

   Après avoir entretenu les lecteurs de la Revue sur les origines douteuses
de l'antique évêché de Bellcy, permettez-moi de vous narrer en peu de
mots un fait qui a eu lieu dans ma paroisse. Ce n'est plus d'un évèché
vieux de quinze cents ans qu'il s'agit, mais bien d'un évèque nommé
d'hier, qui va, sur la terre de saint Augustin, fonder un siège nouveau,
celui d'Oran.
   Msr Caliot a été, le 24 juin dernier, l'objet d'une manifestation des plus
attendrissantes. Chaque année, depuis 1856 les paroissiens du Bon-
Pasleur ont l'habitude de souhaiter la fête à leur curé, et chaque année
cette époque a été un jour d'eflusion et d'allégresse.
   En janvier dernier, à l'annonce de la promotion de M8''Callot à la dignité
épiscopale, un immense et unanime cri de regret s'est élevé dans la paroisse
qui comprenail bien le choix de l'Empereur, mais qui sentait d'autant plus la
peric qu'elle allait éprouver. Soudain des oppositions s'élèvent, et par un
effet moral facile à comprendre, ceux qui voyaient avec douleur l'instant
de la séparation en sont venus à la désirer.
   Dans l'intervalle du conflit, et sans y prendre part, les paroissiens,
sûrs de leur curé, le connaissant depuis onze ans, par ses œuvres, et sachant
que son dévouement au bien ne saurait être longtemps contesté, s'occu-
pèrent d'une sousciipiion volontaire pour offrir à Msr Callot une crosse
épiscopale le jour de sa fête. Fait bien touchant à narrer, plus de 800
familles ont coopéré avec abandon et gratitude à l'acquisition de ce sou-
venir envers celui qu'on n'appelait que le bon père, fis dons ies plus
minimes ont élé fails, mais leur valeur a été centuplée par la manière
dévouée dont ils ont été offerts. Donc le 24 juin, W Callot, prévenu au
dernier moment, a vu toute la paroisse réunie envahir sa demeure et venir
lui offrir, liclas! le dernier bouquet de fêle en qualité de curé. Dire que
la cérémonie a été atlendrissanle, qu'il y a eu plus de larmes de versées
que de phrases de dites est chose qui se comprend. Jadis les prélats
étaient élus et souvent acclamés par les fidèles et non choisis par le Pouvoir,
or, la démonslration populaire, complète, dévouée, ardente même, des
paroissiens du Bon-Pasteur, équivaut pour Msr Callot à une acclamation
des anciens temps. Cet événement tout ljonnais, tout à l'honneur de
Mer Callot, sera pour les catholiques d'Oran une espérance et une preuve
de l'excellent choix de l'Empereur, qui, pour fonder en nouvel évêché sur
la terre d'Afrique, a su tiouver dans un rang modeste du clergé lyonnais,
l'homme de la silualion, c'est-à-dire l'homme qui saura édifier, bien
diriger et se faire aimer.
                                                   G. DEBOMBOCRG.

         15 juillet 186-7.